Courrier de l’ouest 13/12/2021
Cet affluent du Lathan a fait l’objet d’un projet de restauration qui a pour objectifs l’amélioration de l’état écologique, de la recharge des nappes et le ralentissement du trajet de l’eau, l’amélioration du cadre naturel et paysager et de la biodiversité. Une visite a eu lieu sur le site jeudi 9 décembre.
Auverse, « la Boudardière », jeudi 9 décembre. Les agriculteurs concernés lors de la visite sur le site, avec Adrien Denis, maire de Noyant-Villages, Jean-Claude Chaussepied, son adjoint, Ralph Clarke, coordinateur du pôle milieux aquatiques, Patrice Pégé président du SMBAA et le représentant de l’entreprise Luc Durand. | CO
Le Syndicat mixte du bassin de l’Authion et de ses affluents (SMBAA) a pour mission la préservation de la ressource en eau et la restauration des milieux aquatiques sur le territoire. Sur les 1 282 km de cours d’eau sur lesquels il a compétence, plus de 90 % ont été rectifiés et approfondis dans les années 1950 à 1990. Les conséquences de ces travaux hydrauliques ont été multiples. Outre la perturbation du fonctionnement naturel des cours d’eau qui a eu un lourd impact sur la biodiversité aquatique et la qualité de l’eau, ils ont participé au drainage des nappes phréatiques, à l’évacuation trop rapide de l’eau sur notre territoire et donc à limiter la recharge des nappes plus profondes. Des nappes qui constituent notre principale réserve d’eau. Dans un contexte de réchauffement climatique, la réserve d’eau situé sous nos pieds est indispensable pour le fonctionnement de nos rivières mais aussi pour l’approvisionnement de nos usages (agriculture, eau potable).
Il s’écoule sur un peu moins de 5 km
Le SMBAA a mené une réflexion globale pour la restauration des cours d’eau en y intégrant l’enjeu quantitatif de recharge des nappes aquifères. C’est le cas du projet de restauration de la Boudardière. Cet affluent de la rive droite du Lathan, prend sa source à Auverse, commune déléguée de Noyant-Villages, à l’amont immédiat du lieu-dit « la Boudardière ». Il s’écoule sur un peu moins de 5 km, à travers une majorité de prairies et de milieux boisés pour se jeter dans le Lathan, à Linières-Bouton, autre commune déléguée de Noyant-Villages, en aval du Moulin Cochin.
Dans les années 1975, la Boudardière a fait l’objet de travaux hydrauliques et de recalibrage. Son lit a été enfoncé en moyenne de 50 à 60 cm, mais certaines parties sont plus profondes, là où le substrat est plus meuble (1,80 m) au secteur de la Gautraie. Les méandres visibles sur le cadastre ont pour la plupart disparus engendrant une perte de plus de 10 % du linéaire du cours d’eau et jusqu’à 25 % localement.
Une volonté de favoriser la recharge des nappes
La modification morphologique de la Boudardière, couplée avec l’artificialisation du bassin-versant, diminue la recharge des nappes phréatiques. Or cette recharge pour le bon fonctionnement des cours d’eau du secteur, est d’autant plus importante que l’on se situe en tête de bassin-versant. Le projet commun avec le Graboteau, a été commencé lors du premier contrat territorial des milieux aquatiques 2013-2019.
Jeudi 9 décembre, Adrien Denis, maire de Noyant-Villages, Jean-Claude Chaussepied, adjoint au maire, Ralph Clarke, coordinateur du pôle milieux aquatiques, Patrice Pégé, président du SMBAA, les agriculteurs concernés et le représentant de l’entreprise Luc Durand en charge de la réalisation des travaux se sont rendus sur place à « la Boudardière ». Après une concertation menée auprès des riverains sur l’intérêt de restaurer les milieux aquatiques et la volonté de favoriser la recharge des nappes, une étude a été lancée en 2017. Le programme de travaux a été validé par les riverains à la suite de réunions publiques.
Désormais réalisés, ces travaux ont pour objectifs : l’amélioration de l’état écologique, de la recharge des nappes et le ralentissement du trajet de l’eau, du cadre naturel et paysager et de la biodiversité.
Un suivi de l’évolution des nappes
Les travaux de restauration ont été effectués par la SAS Luc Durand (terrassements, apport de matériaux, fourniture et mise en place des ponts cadres, création des abreuvoirs), les jardins du Baugeois (ensemencement), Solutiv’emploi (entretien préalable de la végétation, abattage de peupliers en bordure de cours d’eau), Dans Mes Cordes( abattage de peupliers de fort diamètre), l’EARL du Tilleul (fourniture de pierres) et la SARL Raimbault (transport de pierres).
Le coût de ces travaux s’élève à 137 293 €, dont 50 % sont pris en charge par l’Agence de l’eau et 30 % par la Région Pays de la Loire. Ces travaux s’accompagnent d’un suivi piézométrique mis en place dès 2017. Ces données mesurées manuellement depuis 2017 par Jean-Claude Chaussepied, adjoint au maire, sont désormais automatiques. Elles permettent de suivre l’évolution des nappes de la Boudardière. Un suivi photographique sera réalisé un an, puis trois ans après les travaux, ainsi qu’un suivi biologique.
Ces projets ont pu voir le jour grâce à l’acceptation du projet localement et surtout grâce aux agriculteurs concernés. Ce n’était pas un souci pour moi, la plupart des terrains sont en prairie ; cela a permis de rehausser les cours d’eau qui sont trop creux, déclare Dominique Deletre, agriculteur. Le travail reste néanmoins à poursuivre sur le bassin-versant qui comprend un réseau dense de fossés, parfois surcreusés, qui participent grandement à l’évacuation trop rapide de l’eau et à l’altération de la recharge des nappes. C’est un travail collectif et nécessaire.